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Résumé

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Travailleur opérant une vanne de pipeline.

Avenir énergétique du Canada en 2023 – Projections de l’offre et de la demande énergétiques à l’horizon 2050 (« Avenir énergétique 2023 ») est la plus récente perspective énergétique à long terme de la Régie de l’énergie du Canada. La série de rapports sur l’avenir énergétique du Canada explore diverses possibilités qui pourraient s’offrir aux Canadiens à long terme en matière d’énergie.

Le rapport Avenir énergétique 2023 s’attache à l’atteinte de l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Le rapport décrit des scénarios qui peuvent aider les Canadiens et les décideurs à se représenter un monde carboneutre, à visualiser cet objectif et à prendre des décisions éclairées. Les scénarios couvrent tous les produits énergétiques, pour la totalité des provinces et des territoires du Canada. Cette analyse se fonde sur des modèles économiques et énergétiques.

Les résultats d’Avenir énergétique 2023 ne constituent ni des prévisions ni des recommandations en matière de politique. Ils sont plutôt le fruit de scénarios fondés sur une prémisse et un ensemble d’hypothèses données. Le recours à un scénario unique pour comprendre l’avenir énergétique suppose trop de certitude quant à ce qui pourrait se produire.

Dans Avenir énergétique 2023, notre analyse comporte un objectif prédéterminé : l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. Nous examinons ensuite la question « à quoi pourrait ressembler un parcours vers cet objectif? » Les versions précédentes du rapport proposaient des scénarios visant à évaluer l’incidence de divers niveaux d’action climatique sur l’avenir énergétique du pays. Ainsi, ces versions du rapport ne limitaient pas les résultats des scénarios en fonction d’un but ou d’une cible en particulier.

Mère et fils entrant à la maison pendant que la voiture électrique se charge dans le garage.

Avenir énergétique 2023 propose trois scénarios : carboneutralité à l’échelle mondiale, carboneutralité du Canada et mesures actuelles

Dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, l’analyse suppose que le Canada atteint la neutralité carbone d’ici 2050. Elle suppose également que le reste du monde réduit les émissions à un niveau qui permet de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Dans le scénario de carboneutralité du Canada, le pays atteint également la carboneutralité d’ici 2050, mais le reste du monde progresse plus lentement vers la réduction des émissions de GES.

Le rythme de l’action climatique à l’extérieur du Canada pour réduire les émissions de GES est la principale différence entre les scénarios de carboneutralité d’Avenir énergétique 2023. Comme le Canada est un pays commerçant, ce qui se passe à l’échelle mondiale se répercute sur l’économie et la filière énergétique du Canada. Avenir énergétique 2023 se concentre sur le Canada et ne modélise pas les marchés énergétiques mondiaux pour ces scénarios. Les modèles tiennent plutôt compte de facteurs internationaux pertinents pour les perspectives énergétiques canadiennes, comme les prix mondiaux du pétrole brut et du gaz naturel et les coûts de nombreuses technologies à faibles émissions de carbone. Pour certains de ces facteurs, nous nous fondons sur des scénarios tirés des perspectives énergétiques mondiales 2022 (en anglais) de l’Agence internationale de l’énergie (« AIE »).

Le troisième scénario, celui des mesures actuelles, mise sur des mesures de réduction des émissions de GES qui ne vont guère au-delà de celles déjà en place et ne tient pas compte de l’atteinte de la carboneutralité par le Canada. Également, ce scénario suppose une action climatique mondiale limitée pour l’avenir. La figure ES.1 illustre les trois scénarios.

Figure ES.1 : Illustration des scénarios d’Avenir énergétique 2023

Illustration des scénarios d’Avenir énergétique 2023
Description

Description : Cette figure donne un aperçu des trois grands scénarios d’Avenir énergétique 2023 et décrit le rythme de la lutte mondiale contre les changements climatiques au Canada. Ces scénarios sont les suivants : carboneutralité à l’échelle mondiale, carboneutralité du Canada et mesures actuelles. On y constate que dans les scénarios de carboneutralité, les politiques climatiques se renforcent pour permettre au Canada d’atteindre zéro émission nette de GES en 2050, tandis que dans celui des mesures actuelles, des mesures limitées permettent de réduire ces émissions, mais ne renferment aucune exigence de carboneutralité. La figure indique aussi que le rythme de la lutte mondiale contre les changements climatiques varie d’un scénario à un autre. Ainsi, dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, la situation évolue rapidement, ce qui est compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius. Dans le scénario de carboneutralité du Canada, la situation évolue à un rythme croissant qui est toutefois insuffisant pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius. Pour ce qui est du scénario des mesures actuelles, enfin, les mesures futures visant à réduire les émissions de GES à l’échelle mondiale sont limitées.

Les incertitudes sur la voie vers la carboneutralité explorées dans cinq simulations

En plus des trois principaux scénarios, Avenir énergétique 2023 comprend cinq simulations. En effet, la route vers la carboneutralité est jonchée de nombreuses incertitudes. Ces simulations explorent certaines d’entre elles en modifiant quelques hypothèses clés d’Avenir énergétique 2023 et en montrant l’incidence potentielle de ces changements sur la progression du Canada vers la carboneutralité.

  • Que se passera-t-il si les technologies qui permettent l’adoption à grande échelle de l’hydrogène sont plus coûteuses ou moins coûteuses?
  • Que se passera-t-il si la technologie des petits réacteurs modulaires (« PRM »)Définition* évolue plus rapidement et coûte plus cher?
  • Que se passera-t-il si la technologie de captage direct dans l’air (« CDA »)Définition* évolue plus rapidement et coûte moins cher?
  • Que se passera-t-il si la technologie de captage, d’utilisation et de stockage de carbone (« CUSC »)Définition* n’arrive pas à maturité aussi rapidement et coûte plus cher?
  • Que se passera-t-il si les tendances en matière de recharge des véhicules électriques entraînent une demande d’électricité de pointe plus élevée?
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Principales constatations

1. Dans les scénarios de carboneutralité, les Canadiens modifient radicalement les types d’énergie qu’ils consomment, notamment en utilisant considérablement plus d’électricité.

Technicien travaillant avec des modèles de panneaux solaires et des éoliennes.

La filière énergétique en 2050 est ainsi très différente de ce qu’elle est aujourd’hui dans ces scénarios. Nous prévoyons que l’électricité deviendra la plus importante source d’énergie pour utilisation finaleDéfinition* et que la consommation de combustibles fossiles diminuera considérablement.

Comme le montre la figure ES.2, l’électricité, l’hydrogène et les biocarburants représentent une part beaucoup plus grande de la consommation d’énergie. À l’horizon 2050, nous prévoyons que l’électricité représentera 41 % de la consommation totale d’énergie pour utilisation finale dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale et 39 % dans le scénario de carboneutralité du Canada, comparativement à 17 % en 2021.

L’hydrogène et les biocarburants deviennent des solutions de rechange importantes lorsque l’électricité n’est peut-être pas la meilleure option, par exemple pour le transport de marchandises lourdes, l’aviation ou certains procédés industriels. D’ici 2050, l’hydrogène représente 12 % du bouquet énergétique et les biocarburants, 13 % dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale.

Figure ES.2 : Consommation d’énergie pour utilisation finale, selon le combustible, tous les scénarios

Description

Description : Ces trois graphiques à aires empilées illustrent la consommation d’énergie pour utilisation finale selon le combustible dans chaque scénario. Les combustibles en question sont l’hydrogène, les combustibles fossiles jumelés au CUSC, les combustibles fossiles sans CUSC, la bioénergie et l’électricité.

La consommation totale d’énergie est comparable aux niveaux actuels jusque dans la deuxième moitié de la présente décennie dans les scénarios de carboneutralité, après quoi, elle diminue progressivement. Ce fléchissement tient à une baisse de la consommation de combustibles fossiles, qui est en grande partie compensée par le recours accru à l’électricité, à la bioénergie, aux combustibles fossiles jumelés au CUSC et à l’hydrogène.

La consommation d’énergie augmente de façon modeste durant la période de projection, en raison surtout d’une plus forte consommation d’électricité, dans le scénario des mesures actuelles.

Avec l’utilisation accrue de sources d’énergie à faibles émissions et sans émissions, la consommation de combustibles fossiles diminue de 65 % de 2021 à 2050 dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale et de 56 % dans le scénario de carboneutralité du Canada. En 2050, les combustibles fossiles jouent toujours un rôle important dans la filière énergétique et une grande partie de ceux-ci sont utilisés dans des installations industrielles munies de technologies de captage du carbone ou pour des usages non énergétiques comme l’asphalte, les lubrifiants et les produits pétrochimiques.

Dans les deux scénarios de carboneutralité, la consommation d’électricité double de 2021 à 2050, devenant la principale source d’énergie de la filière énergétique. Cela s’explique par le fait que de nombreuses technologies énergétiques que nous utilisons aujourd’hui sont remplacées de façon constante par des appareils qui font la même chose, mais qui utilisent plutôt de l’électricité, comme des véhicules électriques qui remplacent des véhicules à moteur à combustion interne et des thermopompesDéfinition* qui remplacent des appareils de chauffage au gaz et au mazout. De nombreuses industries, comme celles du fer, de l’acier et de la fabrication, utilisent aussi plus d’électricité. Enfin, la production d’hydrogène et le captage de dioxyde de carbone (« CO2 ») directement de l’atmosphère accroissent la consommation d’électricité plus tard au cours de la période de projection. Dans bien des cas, l’utilisation de l’électricité est beaucoup plus efficace que celle des combustibles fossiles et contribue à réduire la consommation d’énergie de 22 % de 2021 à 2050 dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. La figure ES.3 présente la consommation d’électricité selon le secteur pour le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale.

Figure ES.3 : Consommation d’électricité selon le secteur, scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale

Description

Description : Ce graphique à aires empilées illustre la demande d’électricité projetée dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale dans les secteurs résidentiel, commercial, industriel, des transports et de l’hydrogène.

La demande d’électricité augmente de façon constante dans les secteurs résidentiel, commercial et industriel. Les transports et la production d’hydrogène, qui sont presque nuls en ce moment, sont les principaux moteurs de la croissance dans la projection.

Bien que les types de combustibles et de technologies qui façonnent notre filière énergétique évoluent considérablement au cours des 27 prochaines années, nous projetons peu de changements aux services énergétiques que les Canadiens reçoivent dans les deux scénarios de carboneutralité. Les services énergétiques ne représentent pas l’énergie ou les technologies que nous utilisons, mais plutôt les choses que l’énergie nous permet de faire, comme chauffer nos maisons, nous déplacer d’un endroit à un autre ou faire fonctionner l’équipement d’une entreprise. En 2050, les Canadiens continuent de chauffer et de refroidir leur maison confortablement; ils se déplacent comme bon leur semble et leurs besoins en électricité sont satisfaits.

2. Le réseau électrique, qui se décarbone d’ici 2035 et atteint un bilan négatif par la suite, est à la base des scénarios de carboneutralité.

Femme souriante penchée sur un scooter électrique avec un téléphone cellulaire à la main.

Dans les deux scénarios de carboneutralité, le secteur de l’électricité se transforme pour répondre à la consommation croissante d’électricité tout en poursuivant rapidement la décarbonation de la production. En 2050, dans les deux scénarios de carboneutralité, plus de 99 % de l’électricité provient de technologies sans émissions ou à faibles émissions. Nous prévoyons que l’éolien, l’énergie nucléaire, l’hydroélectricité, le gaz naturel avec CUSC, la BECSCDéfinition* et l’énergie solaire constitueront la majeure partie de la croissance de la nouvelle production pendant la période de projection. Pendant ce temps, la production d’électricité à partir de combustibles fossiles sans CUSC diminue rapidement en réaction à des politiques climatiques de plus en plus fermes. Le secteur atteint la carboneutralité d’ici 2035 et devient carbonégatif par la suite, en raison de l’utilisation de la BECSC.

Le réseau électrique du Canada est diversifié sur le plan régional et la composition de la production dépend en grande partie des ressources disponibles dans chaque province ou territoire. De nombreuses régions ont déjà des réseaux électriques à faibles émissions, tandis que d’autres comptent davantage sur les combustibles fossiles. Cette variation signifie que la transition du secteur de l’électricité dans chaque région est unique. Chaque région mise sur ses propres ressources et son expertise technologique pour propulser le secteur de l’électricité vers un bilan zéro.

Comme le montre la figure ES.4, parmi toutes les technologies, c’est l’éolien qui contribue le plus à la nouvelle production d’électricité d’ici 2050, soit neuf fois plus que les niveaux actuels du scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. La part de l’éolien dans la production augmente dans la plupart des provinces, avec une croissance importante en Alberta, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et en Ontario. La production hydroélectrique, actuellement la plus importante source de production au Canada, augmente de 26 % de 2021 à 2050, en grande partie dans les provinces qui disposent déjà d’importantes ressources hydroélectriques. Les centrales alimentées au gaz naturel avec CUSC deviennent une source d’énergie clé, en particulier en Alberta et en Saskatchewan, où elles représentent 13 % de la production de ces provinces d’ici 2050 dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. La production nucléaire, sous forme de PRM, augmente considérablement de 2040 à 2050, avec une forte croissance en Ontario et un déploiement dans de nombreuses autres provinces. La production solaire augmente de façon constante dans les deux scénarios de carboneutralité, représentant 5 % de la production totale d’ici 2050.

Figure ES.4 : Variation de la production d’électricité entre 2021 et 2050, par combustible, scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale

Description

Description : Ce graphique à colonnes illustre les changements qui s’opèrent dans la production d’électricité de 2021 à 2050 dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, en fonction de la technologie employée. La production éolienne est celle qui enregistre l’augmentation la plus forte, suivie du nucléaire, de l’hydroélectricité, du gaz naturel jumelé au CUSC, de la bioénergie et de l’énergie solaire. Les autres combustibles fossiles servant à la production d’électricité connaissent une baisse marquée.

Nous projetons que le secteur de l’électricité atteindra la carboneutralité d’ici 2035 dans les deux scénarios de carboneutralité et, par la suite, qu’il deviendra carbonégatif en raison de l’utilisation de la BECSC. La carbonégativité est obtenue en brûlant de la biomasse pour produire de l’électricité, puis en captant et en stockant de façon permanente le CO2 qui, autrement, serait libéré naturellement lorsque les plantes meurent. En 2050, les émissions nettes du secteur de l’électricité s’élèvent à -36 mégatonnes (« Mt ») dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, comme le montre la figure ES.5.

Figure ES.5 : Émissions de GES du secteur de l’électricité, par combustible, scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale

Description

Description : Ce graphique à colonnes empilées illustre les émissions de GES provenant de la production d’électricité au fil du temps dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. Ces émissions sont ventilées selon les sources, à savoir les combustibles fossiles, le gaz naturel jumelé au CUSC et la bioénergie.

Avant 2025, la production totale d’électricité entraîne des émissions positives. Au début des années 2030, la bioénergie devient une source d’émissions négatives nettes et plus que compense les émissions résiduelles issues des combustibles fossiles et du gaz naturel jumelé au CUSC utilisés dans la production d’électricité. La bioénergie joue un rôle de plus en plus important dans la production d’émissions négatives nettes jusqu’à la fin de la période de projection.

3. Diverses technologies émergentes jouent un rôle clé dans les scénarios de carboneutralité, notamment en ce qui concerne les émissions plus difficiles à réduire.

Vue aérienne d’un chemin de terre qui serpente dans la forêt.

Pour certaines utilisations d’énergie, le passage à l’électricité n’est pas possible ou moins efficace que d’autres options à faibles émissions ou sans émissions. Dans les deux scénarios de carboneutralité, un portefeuille d’options joue un rôle de soutien important, notamment le CUSC, l’hydrogène, les technologies carbonégatives et les solutions axées sur la natureDéfinition*.

Comme le montre la figure ES.6, le CUSC est utilisé pour capter les émissions de CO2 des secteurs de l’électricité, de l’industrie lourde et du pétrole et du gaz dans les deux scénarios de carboneutralité. D’ici 2050, près de 60 Mt de CO2 sont captés de ces secteurs à l’aide du CUSC dans le scénario de carboneutralité mondiale, qui représente environ 9 % des émissions totales de GES du Canada en 2021. Dans le scénario de carboneutralité du Canada, près de 80 Mt de CO2 sont captés d’ici 2050, car il y a davantage d’émissions à capter en raison de la quantité plus importante de combustible utilisé pour produire du pétrole et du gaz naturel.

Figure ES.6 : Émissions de GES issues de la combustion de combustibles fossiles et de procédés industriels captées et stockées de façon permanente, par secteur, scénarios de carboneutralité du Canada et à l’échelle mondiale

Description

Description : Ce graphique à colonnes empilées illustre les émissions de GES qui sont captées par le CUSC en 2021, puis en 2030 et en 2050 dans les deux scénarios de carboneutralité. Ces émissions sont réparties en trois catégories : production d’électricité à partir de combustibles fossiles, industrie lourde et pétrole et gaz.

Les émissions captées augmentent considérablement dans les scénarios de carboneutralité par rapport à 2021. Au tournant de la prochaine décennie, les deux scénarios révèlent que plus de 20 Mt de carbone sont captées, en particulier dans le secteur pétrolier et gazier. À l’horizon 2050, l’industrie lourde et le secteur de la production d’électricité à partir de combustibles fossiles captent encore plus d’émissions. Ainsi, les émissions captées dans le secteur pétrolier et gazier augmentent de 2030 à 2050 dans le scénario de carboneutralité du Canada et diminuent dans celui de la carboneutralité à l’échelle mondiale.

Une solide économie de l’hydrogène se développe dans les deux scénarios de carboneutralité. La plus grande partie de l’hydrogène est utilisée dans les véhicules de transport de marchandises lourds et dans des industries comme les produits chimiques, le fer, l’acier et le raffinage du pétrole. Nous prévoyons que la consommation d’hydrogène atteindra plus de 8,5 Mt d’ici 2050 dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, ou 12 % de la consommation totale d’énergie. Nous supposons également 5 Mt supplémentaires d’exportations d’hydrogène dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. Ainsi, le Canada produit près de 14 Mt d’hydrogène d’ici 2050 dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, et un peu plus dans le scénario de carboneutralité du Canada. Nous projetons la production d’hydrogène à partir de diverses technologies, dont l’utilisation du gaz naturel comme charge d’alimentation, le CUSC, l’électrolyse à l’aide d’eau et d’électricité, et les processus fondés sur la biomasse, comme le montre la figure ES.7. La production d’hydrogène à partir de la biomasse, combinée au CUSC, permet la carbonégativité, tout comme la production d’électricité de la BECCS.

Figure ES.7 : Production d’hydrogène selon la technologie, scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale

Description

Description : Ce graphique à colonnes empilées illustre l’évolution de la production d’hydrogène avec le temps dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. La production est ventilée en fonction de la technologie, à savoir le gaz naturel jumelé au CUSC, la biomasse et l’électrolyse.

La production fait un bond de près de 700 % de 2030 à 2050. Le gaz naturel jumelé au CUSC et l’électrolyse ont une importance presque égale et constituent la quasi-totalité de la production jusqu’au milieu des années 2030, moment où l’électrolyse et la biomasse prennent leur envol.

Malgré une réduction considérable des émissions dans tous les secteurs, plusieurs secteurs, comme le bâtiment, l’industrie lourde et le pétrole et le gaz, continuent d’afficher des émissions de GES positives d’ici 2050 dans les deux scénarios de carboneutralité. Des technologies comme la BECCS et le CDA, ainsi que des solutions axées sur la nature, entraînent la carbonégativité d’ici 2050 dans les deux scénarios de carboneutralité, ce qui permet un équilibre entre les émissions. D’ici 2050, dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, nous prévoyons des émissions nettes négatives de -36 Mt pour le secteur de l’électricité, de -21 Mt pour la production d’hydrogène à partir de la biomasse avec CUSC et de -46 Mt pour la technologie de CDA. Nous supposons également 50 Mt d’émissions négatives attribuables à l’affectation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (l’ATCATF)Définition*.

4. L’industrie canadienne du pétrole et du gaz naturel réduit considérablement ses émissions dans les deux scénarios de carboneutralité, et si la production diminue, c’est le rythme de l’action climatique mondiale qui détermine l’ampleur de cette réduction.

Dans les deux scénarios de carboneutralité, les émissions de GES provenant de la production et du traitement du pétrole et du gaz naturel diminuent d’environ 90 % en 2050 par rapport à 2021. Nous prévoyons que des politiques climatiques de plus en plus rigoureuses se traduiront par l’adoption du CUSC, des améliorations technologiques et des processus pour réduire considérablement les émissions de méthane, des améliorations de l’efficacité énergétique et l’utilisation de l’électricité dans la mesure du possible. En fin de compte, la baisse de la production en réaction aux prix beaucoup plus bas du pétrole brut et du gaz naturel dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale est aussi un facteur clé de la diminution des émissions.

Vue en contre-plongée d’une tour de forage au coucher du soleil.

Dans Avenir énergétique 2023, les hypothèses que nous formulons au sujet du prix du pétrole brut et du gaz naturel ont la plus grande incidence sur nos projections de production pétrolière et gazière au Canada. Ces prix varient d’un scénario à l’autre et sont dictés par le rythme de l’action climatique mondiale à l’avenir et l’importance de la demande mondiale de pétrole et de gaz naturel qui en découle.

Dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, nous supposons que les prix mondiaux du pétrole et du gaz naturel chuteront fortement en réaction à la baisse de la demande mondiale de combustibles fossiles au cours des prochaines décennies. Dans ce scénario, nous prévoyons que la production canadienne de pétrole brut chutera à 1,2 million de barils par jour (« Mb/j ») (194 milliers de mètres cubes par jour [« 10³m³/j »]) d’ici 2050, soit 76 % de moins qu’en 2022, comme le montre la figure ES.8. Comme le montre la figure ES.9, la production de gaz naturel diminue de 68 % au cours de la même période pour atteindre 5,5 milliards de pieds cubes par jour (« Gpi³/j ») (156 millions de mètres cubes par jour [« 106m³/j »]) en 2050.

Figure ES.8 : Production de pétrole brut, tous les scénarios

Description

Description : Ce graphique linéaire illustre l’évolution de la production totale de pétrole brut, en millions de barils par jour, dans les trois scénarios prévisionnels.

La production plafonne durant la deuxième moitié des années 2020, puis chute brusquement dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. Dans celui de la carboneutralité au Canada, elle plafonne quelques années plus tard et à un niveau légèrement plus élevé. Dans tous les scénarios, la production plafonne au milieu des années 2030 au niveau le plus élevé dans le scénario des mesures actuelles, puis diminue légèrement dans les années 2040.

La Régie a publié un erratum concernant le rapport.

Figure ES.9 : Production de gaz naturel, tous les scénarios

Description

Description : Ce graphique linéaire illustre l’évolution de la production totale de gaz naturel, en milliards de pieds cubes et en milliers de mètres cubes par jour, dans les trois scénarios prévisionnels.

La production plafonne au milieu des années 2020, puis chute dans les deux scénarios de carboneutralité. Cette baisse est plus prononcée dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. La production demeure stable jusqu’au milieu des années 2030 dans le scénario des mesures actuelles, après quoi, elle augmente jusqu’à la fin de la période de projection.

Dans le scénario de carboneutralité du Canada, les prix baissent moins que dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, résultat d’une action climatique mondiale moins ambitieuse, qui se traduisent par une demande mondiale plus élevée de combustibles fossiles. Nous prévoyons que la production de pétrole chutera à 3,9 Mb/j (623 10³m³/j) d’ici 2050, soit 22 % de moins qu’en 2022, et la production de gaz naturel, à 11 Gpi³/j (310 106m³/j), soit 37 % de moins qu’en 2022.

Dans le scénario des mesures actuelles, où les prix sont les plus élevés et où l’action climatique future est la moins ambitieuse, la production de pétrole brut et de gaz naturel est la plus élevée, tout comme les émissions du secteur. La production de pétrole brut atteint 6,1 Mb/j (964 10³m³/j) en 2050, une hausse de 20 % par rapport à 2022. La production de gaz naturel atteint 21,5 Gpi³/j (607 106m³/j), une augmentation de 24 % pendant la période de projection.

5. L’atteinte de la carboneutralité dans les scénarios est stimulée par des politiques climatiques de plus en plus strictes, au Canada et à l’étranger.

Les scénarios de carboneutralité à l’échelle mondiale et du Canada permettent d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, un résultat prédéterminé compte tenu de la nature de l’analyse. Les réductions d’émissions sont importantes dans l’ensemble de l’économie, et tous les secteurs contribuent à l’atteinte de la carboneutralité. La figure ES.10 illustre les émissions par secteur économique pendant la période de projection dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, les émissions positives de certains secteurs étant neutralisées par les émissions négatives d’autres secteurs d’ici 2050. Les tendances en matière d’émissions sont semblables dans le scénario de carboneutralité du Canada.

Figure ES.10 : Émissions de GES selon le secteur économique, scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale

Description

Description : Ce graphique à colonnes empilées illustre l’évolution des émissions sectorielles totales de GES dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale. Ces secteurs sont notamment l’électricité, la production d’hydrogène, le pétrole et le gaz, le captage direct dans l’air, l’industrie lourde, les bâtiments, les transports et l’ATCATF.

Il ressort de la projection que les émissions nettes ayant déjà plafonné diminuent graduellement pour atteindre zéro en 2050. Le secteur des transports et celui du pétrole et du gaz affichent les plus fortes baisses pendant la période de projection. Dans les années 2040, l’électricité, la production d’hydrogène et le captage direct dans l’air suivent l’ATCATF et deviennent des sources d’émissions négatives de plus en plus importantes.

L’augmentation continue de la vigueur des politiques climatiques au Canada est le principal facteur de réduction des émissions au cours des prochaines décennies dans les deux scénarios de carboneutralité. Notre modélisation montre que le rythme de l’action climatique au Canada devra continuer d’augmenter pendant la période de 2030 à 2050 afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cela contraste avec le scénario des mesures actuelles, où les mesures climatiques au pays n’augmentent pas au-delà des mesures en place en ce moment. Dans ce scénario, nous prévoyons que les émissions de GES seront à peine inférieures de 13 % en 2050 à ce qu’elles étaient en 2021.

Les mesures visant à réduire les émissions à l’échelle mondiale jouent également un rôle important quant à nos projections et aux voies possibles vers la carboneutralité de nos scénarios. Selon les différents scénarios, nous supposons que les politiques climatiques à l’échelle mondiale stimulent l’innovation technologique et créent des marchés pour les technologies à faibles émissions de carbone. Cette innovation et ce développement des marchés donnent lieu à notre hypothèse de coûts plus faibles et d’un meilleur rendement pour les technologies à faibles émissions dans les scénarios de carboneutralité. De plus, l’action climatique mondiale influe sur nos projections en agissant sur les prix et les exportations de l’énergie que nous produisons, qui sont les principaux facteurs de nos scénarios.

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